Le Père Recteur
JR/3989/19
Jamhour, le 04 décembre 2019
À toute la Communauté éducative au CNDJ et au CSG
Objet : Cadeaux
Chers collègues, chers parents et chers élèves,
À l’approche des fêtes de fin d’année, je voudrais vous faire part d’une difficulté particulière que nous rencontrons tous les ans à cette même période et autour de la fête de l’enseignant. Beaucoup de parents me sollicitent justement, et souvent à travers le Comité qui les représente, pour trouver une solution à la question délicate des cadeaux.
Sans m’étendre sur tout ce qui s’échange sur les réseaux sociaux et les groupes de classe, je tiens à souligner que le fait d’offrir un cadeau est devenu un fardeau lourd pour la majorité des parents. Cette pratique s’est transformée en un acte commercial et impersonnel, voire humiliant. Le cadeau est désormais conçu comme un dû : il a perdu son sens profond de gratuité et de reconnaissance. C’était d’ailleurs bien souligné dans la lettre que je vous avais adressée le 1er décembre 2017, suite à l’adoption de la loi 46/2017 dont les conséquences désastreuses se font ressentir jusqu’à aujourd’hui.
Ces jours-ci, au moment où le pays traverse une crise économique sans précédent, continuer à offrir des cadeaux, comme on l’a fait jusqu’à présent, paraît aberrant et hors contexte. Dans un pays où il y a de forts appels à redresser l’économie défaillante et dans les rues, où se fait entendre une dénonciation violente de toute forme de corruption, il n’est pas normal que perdure ce genre de pratique parmi nous.
À l’instar de toutes les grandes institutions au Liban et ailleurs, il faut tout simplement renoncer à cette pratique dans le milieu professionnel. Dans la majorité des sociétés respectables, offrir et accepter un cadeau constitue une infraction à la déontologie et va à l’encontre de la bonne conduite professionnelle. Dans certaines démocraties, l’acceptation d’un cadeau, qui peut nous sembler dérisoire, est suffisante pour destituer un responsable de n’importe quel poste et sans égard aucun à son rang politique ou social.
Pour toutes ces raisons, j’invite toute la communauté au respect absolu de cette consigne et à l’invention d’autres formes de reconnaissance les uns envers les autres. Dorénavant, il sera interdit d’offrir des cadeaux au Collège Notre-Dame de Jamhour et au Collège Saint-Grégoire. Le meilleur cadeau que l’on puisse se donner les uns aux autres, c’est notre responsabilité mutuelle en ces moments de crise. Puisse la solidarité, qui a toujours distingué notre communauté, nous permettre de traverser ensemble cette crise qui frappe de plein fouet notre pays.
P. Charbel Batour, S.J.
Recteur